Bercé par un Petit Vent

Etait-ce vraiment si difficile à comprendre qu'on n'avait absolument pas le temps de tout faire et que, malgré tout, il fallait le faire ? Bien entendu, Sarah ne pouvait pas le comprendre. Après tout, elle n'était absolument pas débordée comme il l'était, et jamais elle ne pourrait comprendre les différentes responsabilités qui lui incombaient sur ses épaules. Après tout, qui pourrait les comprendre ? Même son vrai nom impliquait des responsabilités extrèmement lourdes de sens. Mais non, ils étaient tous ignards ! Incapables de faire fonctionner deux secondes leurs neurônes dénués de matières grises. Depuis ce jour, il y avait un compte en rebourd qui défilait dans sa tête et, à chaque instant, il luttait contre cela. Puis, il n'avait que la moitié de temps de vie d'un humain normal... et même encore moins...

Cela était dur pour lui... Savoir qu'on avait moitié moins de temps que les autres, pour accomplir les choses que seul lui pouvait accomplir...

Alors, en plus de son éducation, et dans ces conditions... Comment être un tant soi peu optimiste ? Comment se permettre de se reposer un seul instant ? Comment se permettre même de pouvoir penser à soi-même, à l'avenir, ou même à ses douleurs passées... ? Rutsuku serrait même la poigne de cette baguette si particulière pour lui, alors qu'il marchait au loin. Non, il serait seul jusqu'au bout, toujours à marcher devant le chemin qui était le sien. Qu'importait d'alleurs les remarques et les réprimandes de la part des autres. Il avait, depuis toujours, sa voie de tracer et c'était à lui de l'emprunter. Personne ne devait le suivre...

Il ne voulait pas que son pire cauchemar se reproduise.

"C'est ça… Maintenant que tu as eu ce que tu voulais, tu fuis !"

Non, le Serpentard ne fuyait pas. Il n'avait plus besoin d'elle, et n'était devenu qu'une emmerdeuse de première ! Il était même prêt à tout pour ce qui devait être fait. Peu importait si, dans son sillage, il devait semer la colère et la haine envers sa propre personne. Il ne méritait pas mieux alors.

Ignorant sciemment l'insulte de cette Serdaigle, il prit un tournant, tout en rangeant sa baguette. Puis, pour éviter d'être embêté plus loin, il mit, non sans difficulté, sa veste émeraude. Au moins, ces crétins d'élèves ne verraient pas l'attelle. Et si l'Ancien Mercenaire pouvait éviter d'attirer l'attention - même si ce serait difficile avec ce bandage sur la tête - il l'accepterait avec grand plaisir. Puis, autant le dire, certains auraient été ravi de le voir dans un tel attirail, ne serait-ce que pour l'attaquer en douce avec un sortilège...